Louis Pons : un dessin sinon rien

Ce dont je raffole plus que tout chez Louis Pons c'est de son don du dessin lui-même, pas des malsaines émanations de sa psyché, ni de ses venimeux coups d'aiguillons psychologiques, chausse-trapes, boules puantes ou sulfureuses et autres mines antipersonnel.
La plume est le dard du dessinateur a-t-il lui-même écrit, prenant, ainsi retranché, position à dessein comme un forcené.
Ce que certaines œuvres à contrecourant de la majorité de sa production démentent, prouvant qu’il était tout aussi à même de dessiner bien autre chose que des sarabandes de rats crevés en voie de décomposition ou d’épouvantables séries de visages plus ou moins météorisés par l’angoisse : Le printemps qui explose, et – lorgnon à l’œil, canne à pommeau et haut-de-forme – le rigoureux Portrait du père de Tristan Corbière ou bien encore celui de son ami Lucien Henry exposé sans masque aucun en son fauteuil,  en sont des preuves irréfutables.

Pour mieux me faire comprendre : c'est exactement comme lorsqu'on admire un écrivain ; non pas tant, ou même pas du tout, pour ce qu'il vous raconte, mais pour, qualité personnelle à l'état pur, son alphabet intime et, partant, sa graphie et sa syntaxe personnelles, autrement dit son style uniquement, les vertus de son Pégase !

Quant à ses constructions, assemblages d’objets de récupération toujours (trop ?) bien pensés, etc, rien à faire, ils ne m’amusent même pas. Ainsi d’une fameuse authentique momie placée assise aux commandes d’une moto antédiluvienne ? Bon… et après ?
Tandis qu’exercer un dessin tellement à soi comme le sien et, finalement peu importe le sujet, en user le plus souvent en virtuose, n’est-ce pas là finalement le vrai génie ?

André Lombard

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